Les pays de Pierre Aubert

Ce qui, de prime abord, peut surprendre, s’agissant de quelqu’un qui passa sa jeunesse au milieu des pâturages de la Vallée de Joux et vécut une grande partie de son existence à Romaimôtier. Ce serait oublier que, dès avant la guerre, Pierre Aubert se rend en Bourgogne, en Provence et à Paris. La capitale française, alors centre des arts, l’attire ; il s’y rendit régulièrement. Nature et culture vont de pair tout au long de son approfondissement artistique, et le voyage se révèle chez lui autant intérieur que captation du monde qui l’entoure. Surtout connu comme l’un des maîtres de la gravure sur bois en suisse au XXe siècle, Pierre Aubert (1910-1987) fut également peintre. Plusieurs centaines d’huiles – paysages du Jura et de la Vallée de Joux, vues de Paris et de la Provence, natures mortes, portraits et scènes de genre – constituent ce volet peu connu de son travail. On y retrouve les traits de son oeuvre gravé, notamment le thème de l’arbre, figure identitaire et d’identification intime. Pétri de culture visuelle européenne, Pierre Aubert a passé sa vie à dessiner, graver et peindre, assumant avec conviction une orientation figurative, alors que l’abstraction devenait dominante.